L'affiche gargantuesque de ce deuxième jour demande autant d'attention que lors du premier jour, de Carcass à Deep Purple, en passant par Extreme, Soulfly, Skid Row, Eluveitie, Aerosmith, Gorgoroth, Killers, Dagoba, Millencolin ou Monster Magnet. Voilà quelques vidéos des prestations mémorables de cette seconde journée en enfer.
Hellfest ensoleillé, Hellfest parfait, dit un vieux
dicton clissonnais. Les cieux sont cléments avec les festivaliers cette année,
merci à eux. En ce deuxième jour de festival, le soleil a encore tapé dur et
chaud, mais il en fallait plus pour assomer le public.
Dès l’ouverture des portes, il a fallu jouer des
coudes pour se glisser dans les premiers rangs de Darkness Dynamite sur la
Mainstage 2. Les Parisiens ont livré un concert plutôt efficace en cette heure
matinale.
Sous la Valley, le public ne s’attendait à être réveillé
par la bombe stoner Hark qui est venu lui exploser en pleine figure. Sonné mais
pour le coup réveillé.
Pendant 30 trop courtes minutes, il y avait comme un
air de 70’s sur la Mainstage 2. Les nanas de Lez Zeppelin ont réveillé leurs
glorieux ancêtres – vous voyez de qui on veut parler – en convoquant leurs
meilleurs tubes. Et soudain, devant les yeux des nombreux festivaliers, Jimmy
Page, Robert Plant, John Paul Jones et John Bonzo Bonham était de nouveau de
retour sur scène… le côté sexy en plus.
Après les Français de Stinky Bollocks, qui se sont très
bien défendus en ouverture de Warzone, les gloires hexagonales de Burning Heads
ont montré qu’avec plus de 25 ans de carrière, ils n’ont pas leur pareil pour
faire sonner le skate punk made in 90’s. Passéiste ? Jamais ! Entre les tubes
imparables de Be One With The Flame
et Escape, les nouveaux
morceaux des Orléanais ont fait mouche. Ou comment faire du punk californien
mieux que les Californiens. Tellement punk, d’ailleurs, qu’ils se sont accordés
un rappel !
À quelques encablures de là, le leader français du
brutal death, Benighted, s’est décidé à n’accorder aucune pitié au public venu
nombreux. Un déluge de brutalité qui s’est abattu sur l’Altar où les fans en
ont redemandé.
Assommés, à terre? Non, ce n’est que le début. Borgne,
sur la Temple, rajouté à l’affiche au dernier moment, a pris ses marques très
vite et a délivré un concert d’une froideur extrême qui aura rafraîchi l’assemblée.
La vieille garde du death metal français n’a pas eu à
jalouser ses héritiers. Ce sont les frères Loez de Supuration qui l'ont prouvé
une nouvelle fois en hypnotisant la fosse : atmosphère pesante, si ce n'est
oppressante.
Changement de programme ! La Temple a vu débarquer une
bande de joyeux fêtards venu de Norvège pour la Fête de la musique. Car c’est véritablement
une fanfare avec trompette, accordéon et tambours, qui a rendu les festivaliers
complètement fous. Danse, slam… La fête avec des sourires sur tous les visages.
De son côté, la Warzone a eu de faux airs de réunions
d’anciens élèves. Bl’ast! a fait les jours glorieux du hardcore West Coast dans
les années 1980. En 2014, ils sont sur la scène du Hellfest. Alors, malgré
quelques soucis techniques que l’on oublie bien vite, les vieux punks ont livré
le meilleur du HxC de l’époque : "shorter, faster, louder", comme ils
disaient à l’époque. Et ce n’est pas Phil Anselmo, venu en spectateur saluer
ses vieux copains, qui s’en plaindra.
La Valley quant à elle, a accueilli Witch Mountain,
qui a littéralement envouté la scène, avec la voix sombre et rugueuse d’Uta
Plotkin. L’ambiance a été au recueillement face à cette grande messe du doom.
Le raz-de-marée appelé Clutch a débarqué de nulle part sur la Valley. La tente
débordait de partout, le public s’est déchaîné plus que jamais et ce n’est pas
l’énorme générosité de Clutch qui a calmé tout ce petit monde.
Dans l’après-midi, on a montré les muscles côté
Warzone et MainStage 2. Protest The Hero a prouvé que la jeune génération est
aussi costaud que celle qui la précédait. Les Canadiens se sont largement hissé
à la hauteur de leurs pairs de Hatebreed, qui ont joué, juste après, sur la
MainStage 2. Les Américains évoluent dans un genre un peu plus direct. La
preuve, ils ont assommé le public, venu en masse, sous un soleil couchant. Ou
quand la violence se joue sur un paysage romantique. Le Hellfest, terre de
contraste.
Pour ceux qui avaient encore l’envie de mosher,
direction la Warzone, où les rois du hardcore new school, Comeback Kid, ont mis
une sacrée mandale à tout le monde. Pour leur troisième participation au
Hellfest, la bande de Winnipeg n’a pas fait les choses à moitié : des hymnes fédérateurs,
de nouveaux morceaux qui faisaient mouche et une joie d’être là communicative.
Assurément leur meilleur prestation à Clisson.
Clisson, était historiquement une des portes de la
Bretagne et Eluveitie l’a bien compris. Car c’est un public tout acquis à sa
cause qui vient prendre place devant la Temple. Le metal celtique a généré un déluge
de slam jusqu’à la dernière note des Suisses. Peu en sont ressortis indemnes.
Niveau MainStage, on n’a pas été déçu non plus… Un
vrai match de ping pong entre la Main 1 plus classic rock et une Main 2 bien axée
double pédale. Entre des jeunes formations et des tenants du genre, le
metalcore a été à l’honneur avec Of Mice and Men, We Came As Romans et Miss May
I. Une belle touche française est arrivée pour l’heure de l’apéro : les
Marseillais de Dagoba ont transformé l’air de Clisson en poussière suffocante
dans les nombreux circle pit.
Si la jeune génération s’est bien défendue, elle a eu à
faire à des vieux de la vieille encore coriaces, entre Duff Mc Gagan et son
band Walking Papers, les tenors de Status Quo – impeccables aussi bien dans
leur tenue qu’avec leurs instruments –, le funk rock d’Extreme et ses solos
abrasifs…
Un panorama depuis la grande roue suffit à se rendre
compte de l’étendue de metalheads : lors du passage de Soulfly, les fidèles aux
Brésiliens et surtout à Max Cavallera ont formé l’équivalent d’une armée.
Un coucher de soleil magnifique et des envolées de
guitares et de synthés avec Deep Purple ont bien lancé la soirée. Tout de suite
après, le plat de resistance a été donc servi sur un plateau d’argent. Tout du
moins, sur une avancée de scène de 25 mètres, avec Aerosmith et le duo Steve
Tyler/Joe Perry aux commandes. Une nouvelle légende frappe la terre
clissonnaise. Deux heures de classic rock à filer la chair de poule aux
festivaliers encore plus nombreux. On en a même surpris quelqu’uns dansant
un slow langoureux sur I don’t want to
miss a thing !
Dans l’intimité de la Warzone – quand on la compare
aux Mainstages ! –, Against Me! était attendu de pied ferme… et ils n’ont pas déçu.
Comment le pouvaient-ils ? Leur dernier album, Transgender Dysphoria Blues, est empli d’une rage positive que l’on
ne leur connaissait plus. En live, toute cette énergie ne peut que ressortir.
Sur le devant de la scène, l’hypnotique Laura Jane Grace a donné le meilleur du
groupe floridien : depuis Walking is
still honest à FuckMyLife666,
le quatuor a prouvé, si besoin il y avait, qu’il reste le fer de lance du punk
rock américain.
L’enchaînement avec Millencolin s’est fait
naturellement. Si les Suédois ont un peu trop usé du pilotage automatique sur
certaines chansons, ils ont fait retrouver leur âme d’ado aux Warzoneurs déchaînés.
Qui n’a jamais fait de la air guitar sur No Cigar nous jette la première
pierre. Les souvenirs des jeunes années remontent vite !
Quoi de mieux que des explosions de tous les côtés
pour clore cette chaude journée ? Avenged Sevenfold sont américains, ça se voit
tout de suite : sens du spectacle, prestation léchée, précision remarquable… et
grosse pétarade pour finir, à base de flammes et autres feux d’artifice. Si
Michael Bay faisait de la musique, il jouerait incontestablement dans Avenged
Sevenfold.
Les rares survivants à ce déluge de décibels ont été
rafraîchir leurs coups de soleil (mettez de la crème, on ne le répètera jamais
assez) au Metal Corner, dont les basses ont fait résonner le camping jusqu’à
pas d’heure. Mais bon, on a le droit de veiller : le Hellfest, c’est un peu les
vacances, après tout.