5.5.12

The Elderberries, sacré Graal, entretien vérité

Le groupe clermontois revient aux affaires avec un album éponyme qui envoie sérieusement du bois. Cette fois-ci, les Elderberries sont en roue libre et cela leur réussit plutôt bien. Entretien en compagnie du guitariste Chris Boulton.

Pourquoi avoir voulu revisiter votre album « Ignorance And Bliss » en version acoustique ? Comment a été accueilli ce disque par le public lors de sa sortie en 2009 ?
Chris Boulton : A l'origine, nous avions préparé un set acoustique pour une session dans les studios de la radio Le Mouv'. Le set a eu de bons retours, ce qui a inspiré notre label de l'époque Discograph. La maison de disques nous a alors proposé de réaliser une réédition de l'album accompagnée d'une version avec des arrangements acoustiques, des cordes, etc... De notre côté, nous étions en pleine période de composition pour le nouvel album, mais on n'était pas encore satisfait de ce que l'on avait enregistré. L'opportunité s'est donc présentée de sortir ce disque, comme une sorte d’entracte qui nous permettrait de prendre plus de temps pour la conception de notre nouvel opus. C’était une idée qui était loin de nous plaire, mais les retours du public étaient assez bons et ce projet nous a permis de toucher de nouvelles personnes pas forcement sensibles à la musique que l'on fait. De toute façon, la philosophie du groupe est de jouer et d'emmagasiner un maximum d'expérience. Cela nous a permis de travailler dans un certain cadre et surtout de confirmer notre goût pour les guitares bien saturées.

Pouvez-vous nous parler de l’élaboration de « The Elderberries » et de son enregistrement ?
C.B. : Dans un premier temps, nous voulions que l'album soit enregistré live par Pascal Mondaz, notre ingénieur son sur scène. Nous voulions absolument retranscrire une ambiance live. Cet album est en gros une réponse à notre deuxième disque. On ne cherche jamais à renier notre travail car c’est toujours un instantané d’une période de la vie du groupe mais « Ignorance And Bliss » a été réalisé sous pression pour un single (ndlr : « It Doesn’t Really Matter »). Comme nous étions jeunes, nous ne savions pas dire non. L’enregistrement de ce deuxième album ne s’était pas fait d’une manière très conviviale. Nous n’avons jamais été tous les 5 en train de jouer dans la même pièce. Cette façon « lego » d’enregistrer ne nous allait pas. Du coup, avec ce troisième opus, nous voulions faire les choses à notre manière. On avait un son, un style très précis en tête.

Comment envisagiez-vous cette approche live dont tu nous parles ?
C.B. : En studio, nous avions envie que le groupe sonne de la même manière qu’en live. Les studios Black box (du côté d’Angers) sont magnifiques pour recréer ce type d’ambiance, avec ses pièces et son matos bien chaleureux. De plus, on a pu enregistrer sur bande, ce qui était assez "bandant" (rires). En ce qui concerne la composition, nous avons choisi une approche plus personnelle. Nous nous sommes enfermés pendant 2 semaines à la campagne, loin de tout, avec de la bonne bouffe, des bières, etc. Nous avons laissé nos potes venir, que ce soit pour faire la bringue ou nous donner leurs avis sur les compos. Du coup je pense qu'on ressent une certaine forme d’honnêteté sur cet album. On ne fait pas semblant, c'est vraiment nous.

Pourquoi avoir choisi un titre éponyme ? C’est comme un nouveau départ pour vous ?
C.B. : Oui, en quelque sorte... Comme je te disais auparavant, je trouve que c'est plus personnel. Pour ma part, je n'ai pas eu forcement beaucoup d'influences lors de la conception de notre deuxième disque. A l’époque, je travaillais et, en fin de journée, je me pointais pour enregistrer mes parties guitare et quelques solos. Du coup, en ce qui me concerne, je trouve que c’était très stérile, que  « Ignorance And Bliss » ne nous ressemble pas vraiment. Pour le premier, « Nothing Ventured, Nothing Gainded », j’avais 14 ans et nous étions très influencés par plein de groupes des 70’s, du coup, cela s’entend vachement. Donc, quand on a choisi d’appeler notre troisième « The Elderberries », c'est notre façon de dire : "Voilà, c'est exactement ce que nous sommes".

Aviez-vous des envies particulières pour ce nouveau disque ? Un concept en tête ou une orientation musicale précise ?
C.B. : Nous aimerions bien tourner en dehors de l’Hexagone. La France a été très généreuse avec nous et ça reste quand même notre pays mais, malheureusement, le rock reste toujours un milieu assez underground ici. J'aime faire référence à la sortie du dernier Foo Fighters (ndlr : "Wasting Light" en 2011). Le disque était numéro un partout en Europe sauf ici où c'était René la taupe. Je ne comprends pas pourquoi le vrai rock a autant du mal à percer auprès du grand public alors que partout ailleurs, c’est le cas.  En France, il y a pourtant des centaines de bons groupes, un public potentiel important et de belles salles... Du coup, j'aimerais nous voir partir jouer à l'étranger car je crois qu'on a vraiment quelque chose à offrir. J'ai surtout envie de toucher un maximum de gens avec « The Elderberries » car j'en suis fier, j'y tiens beaucoup. Côté concept, je pense que l'on a un peu mis de côté les paillettes pour laisser s'exprimer nos propres personnalités, et surtout la musique, car c'est le plus important. Par contre, je ne pourrais pas dire ce que l'on a va faire dans 2 ans, on suit juste le flow en essayant de jouer la musique que l’on aime.

Quels sont les instruments et le matériel que vous avez utilisés en studio ?
C.B. : Nous avons utilisé un set up assez vintage. Nous sommes passés par une vielle console qui envoyait le son sur bande. On a procédé de la sorte pour enregistrer la basse, la batterie et la guitare ensemble. Ce que vous entendez sur ce disque, c'est nous quatre en direct, suant dans le studio où il faisait très chaud. Par la suite, nous avons intégré les parties dans Pro Tools pour poser les voix, faire des overdubs, etc… C’était vraiment pour le côté pratique de la chose. Mais, nous n’avons rien recalé ou découpé… D’ailleurs, il y a des moments où le tempo est fluctuant mais, c’est ça la magie de la musique, non ? Il faut que ça vive !

Pour la vidéo « Here Till Dawn », d’où vous est venue cette idée de combat de chevaliers ? Où avez-vous tourné le clip ?
C.B. : Cette vidéo est un délire total. En fait, on a appris que le château de Murol (ndlr : près de Clermont-Ferrand) était OK pour nous prêter les lieux, des costumes, etc... Nous nous sommes dits : « Pourquoi pas mais qu’est-ce que l’on va faire ? ». Finalement, nous avons écrit un semblant de scénario plein de blagues, de conneries s’inspirant des Monty Pythons (cf. « Sacré Graal ! »). C’est difficile à éviter lorsque tu es déguisé en chevalier (rires). Au final, c’est un peu dommage car nous n’avons eu assez de temps pour tout intégrer. Le résultat est assez bon et nous avons l’impression que le délire plaît. Nous fêtons nos 10 ans d’existence cette année, nous avons sorti un album qui nous ressemble vraiment et on revisite, en quelque sorte, le film qui a inspiré le nom du groupe… La vie n'est-elle pas poétique parfois ?

Propos recueuillis par Laurent Gilot
Photo : DR

The Elderberries, ETB (Sophiane/La Baleine)
Sortie le 25 avril 2012


The Elderberries, Here Till Dawn, video