22.4.11

Samael, Lux Mundi, interview vérité

Pour son neuvième album studio, "Lux Mundi", Samael a vu grand et large. Après un « Above » (2009) plutôt radical qui a dérouté quelques fans, voilà que la formation Helvète a voulu concevoir des titres épiques spécialement taillés pour le live. Il faut dire que le résultat est très convaincant. Entretien en compagnie du claviériste Xy.

Comment a été reçu votre précédent opus, « Above », un disque qui tient une place particulière dans votre discographie ?
Xy : Oui, c’était un album différent qui a surpris certaines personnes. L’accueil a été assez mitigé mais nous nous y attendions. On voulait effectivement faire quelque chose d’un peu à part dans notre discographie, un truc plus extrême. En fait, on avait envie de créer un projet parallèle puis, finalement, on s’est dit qu'il serait intéressant que ce soit sous le nom de Samael parce qu’on pouvait avoir envie de défendre 3 ou 4 titres sur scène. On savait qu’on ne conservait pas cette direction musicale car « Above » était vraiment une expérimentation.

Est-ce que l’on pourrait considérer le Ep « Antigod » comme un disque de transition avant l’arrivée du nouvel album « Lux Mundi » ?
X : Oui car nous voulions montrer la direction dans laquelle nous avions envie d’aller. Le titre « Antigod » figure d’ailleurs sur ce nouveau disque. On avait envie de montrer que Samael est toujours en activité et, puis, nous n’avions jamais sorti en avant-première un morceau. C’était donc intéressant de voir comment le public aller réagir par rapport à cela.

Peux-tu nous parler de la genèse de ce morceau, « Antigod » ?
X : En fait, au moment de sortir cet Ep, nous avions déjà l’ensemble de l’album qui était prêt. On a surtout voulu choisir un morceau qui puisse être représentatif de ce disque. Il n’est pas représentatif de l’ensemble de « Lux Mundi » mais il donne un peu l’orientation générale. Comme on voulait rajouter des titres bonus, on a fait une version 2010 de « Into The Pentagram », un vieux titre qui était sur notre premier album (« Worship Him » en 1990). On l’avait déjà réenregistré en 1995 et on voulait proposer une nouvelle version. Nous avons également rajouté deux titres en live et on a travaillé sur un remix d’Antigod, le « Dark Night Remix », qui a une touche indus et très électronique. Je suis assez content du résultat.

Y-t-il un point de vue « anti religieux » sur ce titre ?
X : En fait, on parle de toutes les religions en général. Pour moi, la religion, c’est de la politique, il n’y a plus grand chose de spirituel et, à y regarder de près, c’est la source de beaucoup de problèmes dans le monde. Depuis le départ, nous avons une position assez évidente sur la religion.

Pourquoi avoir voulu réenregistré ce titre ? Vous vous êtes dits que vous n’aviez pas un son satisfaisant à l’époque ou est-ce que c’est pour faire découvrir un morceau que vos fans de la dernière heure ne connaissent pas ?
X : En fait, il y a un peu des deux. Il y a peut-être également un aspect nostalgie. On joue à nouveau ce titre en live car ça faisait longtemps qu’il avait été laissé de côté. C’est un morceau assez atmosphérique qui peut créer une ambiance particulière sur scène.

Sur « Lux Mundi », il y a beaucoup d’arrangements au synthétiseur. Quelle est ton approche des technologies numériques ?
X : Il y avait des morceaux qui demandaient vraiment d’avoir ce mélange entre synthés et guitares. Sinon, nous l’avons conçu en Suisse dans différents studios. Le fait de travailler sur des enregistrements numériques permet ensuite de faire le tri chez soi pour conserver les prises que l’on trouve satisfaisantes. C’est un luxe que nous n’avions pas il y a quelques années. C’est assez confortable de pouvoir peaufiner et d’avoir un côté perfectionniste.

Pourquoi ce titre : « Lux Mundi » ?
X : On aime bien travailler sur les contrastes entre ombre et lumière, on va dire. Le titre de ce disque est plutôt « lumineux » alors que la pochette est assez noire, sombre.

Peux-tu nous décrire un peu plus en détail ce nouvel opus ?
X : La couleur musicale de "Lux Mundi" est dans la continuation de ce que l’on a fait sur le Ep « Antigod ». Il y a beaucoup de variations d’ambiances entre chaque titre. L’idée était de travailler sur un maximum de compositions pour pouvoir ensuite faire une sélection et garder le meilleur, les titres qui rendront l’ensemble cohérent. Il y a un peu plus de la moitié du disque qui est très orchestral, avec des morceaux plus lents, plus heavy. L’autre moitié est plus orientée « guitares », elle est un peu différente. On a un titre comme « Mother Night » qui est presque une ballade avec un mélange de différentes atmosphères. Au final, on aime l’idée que « Lux Mundi » soit comme un voyage, qu’on ne se lasse pas trop à l’écoute et qu’il y ait des surprises, du relief. C’est ce que nous avons essayé de faire.

Est-ce que vous vous sentez des affinités avec certains groupes qui oeuvrent dans une veine plus ou moins proche et qui sont sur le même label que vous… Je pense à Behemoth par exemple ?
X : Nous n’avons pas tout à fait la même approche. Notre musique est plus orchestrale que la leur. Si on devait parler d’influences black metal en ce qui concerne Samael, elles sont plutôt à aller chercher du côté des premiers Bathory. A l’époque, ces disques ont eu pas mal d’influence sur nous surtout de par le côté épique et mid-tempo de cette musique.

Propos recueillis par Laurent Gilot
Photos : DR

Samael, Lux Mundi (Nuclear Blast/Pias)
Sortie le 29 avril 2011

Samael, Antigod, Live vidéo